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cette position de Moïse, pendant sa prière, qui faisait triompher le peuple hébreu, que le nom de Jésus qui se trouvait à la tête de l’armée, lorsque Moïse représentait sa croix sur la montagne. Qui ne sait que la prière la plus efficace est celle qui se fait avec larmes et gémissements, le genou en terre et le corps incliné ! Dans la suite, ni Moïse, ni aucun autre, ne prît sur la pierre cette attitude en forme de croix pendant sa prière. Et la pierre ici n’est-elle pas encore un signe qui représente le Christ et ne convient qu’à lui ?

XCI. Dieu ne s’est-il pas encore servi d’un autre moyen, au rapport du même Moïse, pour exprimer la puissance du mystère de la croix, lorsqu’il dit dans les bénédictions qu’il donnait à Joseph : « Que Jéhovah bénisse sa terre des fruits du ciel, de la rosée des fleuves qui arrosent la terre, des fruits que le soleil et la lune mûrissent, des fruits des montagnes et des fruits des vallées, et des dons de la terre et de sa plénitude ; que la bénédiction de celui qui apparut dans le buisson vienne sur la tête de Joseph et sur la tête du premier de ses frères. Sa beauté est celle du taureau premier-né, ses cornes sont celles de l’oryx : avec elles il frappera les peuples et les chassera jusqu’aux extrémités de la terre. » Personne assurément ne peut me dire ou me montrer qu’il existe dans la nature un seul objet qui représente les cornes de l’oryx aussi bien que le fait la croix.

La croix nous présente un morceau de bois vertical, dont le haut s’élève en forme de corne ; la pièce de bois adaptée transversalement offre par les deux extrémités l’image de deux cornes attachées à une seule, et l’autre pièce qu’on place au milieu, pour soutenir ceux qu’on attache à la croix, n’est-elle pas saillante comme une corne, n’est-elle pas en quelque sorte une nouvelle corne qui s’élève au milieu des autres ? Ces mots : « Il attaquera les nations avec ses cornes jusqu’aux extrémités de la terre, » s’expliquent par le spectacle que nous offrent aujourd’hui tous les peuples. Attaqués par la corne, c’est-à-dire touchés de componction par le mystère de la croix, les hommes, dans toutes les nations, passent en foule des autels de leurs vaines idoles,