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— Si je prouve que la prophétie d’Isaïe regarde notre Christ, et non pas Ézéchias, comme vous le prétendez, cesserez-vous enfin de vous en rapporter à vos docteurs qui osent soutenir que la version des Septante faite sous Ptolémée, roi d’Égypte, est infidèle en plusieurs endroits ? Car tous les passages qui prouvent évidemment combien leurs interprétations sont insensées, combien ils sont pleins d’eux-mêmes, ils ne craignent pas de dire qu’on les a altérés, qu’ils ne sont pas conformes au texte. Mais trouvent-ils un passage qui leur paraisse susceptible de pouvoir être modifié et amené à signifier une action purement humaine, ils disent que ce passage ne s’entend pas de notre Christ ; ils l’appliquent à tout autre personnage qu’il leur plaît d’imaginer. C’est ainsi qu’ils ont dit que les paroles qui nous occupent se rapportaient à Ézéchias ; mais je vous montrerai comme je vous l’ai promis la fausseté de leur assertion. Leur opposons-nous les endroits de l’Écriture qui montrent si clairement que le Christ doit souffrir, qu’il faut l’adorer, qu’il est Dieu ? l’évidence les force de convenir qu’il s’agit ici du Christ ; mais ils osent dire que le nôtre n’est pas ce Christ promis ; que du reste ils ne contestent pas que celui-ci ne vienne un jour, qu’il ne doive souffrir, régner et être adoré comme Dieu. Je vous ferai voir aussi combien ce langage est ridicule et insensé. Mais je suis pressé de répondre d’abord à ces assertions aussi peu raisonnables que vous avez tout-à-l’heure émises. J’arriverai ensuite aux preuves qu’il nous reste à vous donner.

LXIX. Sachez donc, Tryphon, que toutes les fables répandues parmi les Grecs, par celui que nous appelons le démon, et qui ne sont que des altérations de nos livres saints, que les prodiges qu’il a opérés par les magiciens d’Égypte et par les faux prophètes du temps d’Élie, ne servent qu’à me confirmer dans ma foi aux divines Écritures et dans la manière dont je les entends. Lorsqu’on me dit que Bacchus est né de Jupiter et de Sémélé, qu’il est l’inventeur de la vigne, qu’il fut mis en pièces, qu’il mourut, qu’après il ressuscita et remonta au ciel, que le vin est employé dans la célébration de ses mys-