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— Oui, repris-je, je l’ai dit et je le dis encore ; mais je n’ai pas prétendu qu’il eût regardé toutes ces observances de la loi comme un moyen de se sanctifier, et que c’est pour cela qu’il s’y était soumis. Tout ce que j’ai voulu dire, c’est qu’il était venu selon la volonté de son père, le Seigneur, le Dieu de toutes choses, accomplir ses décrets éternels, et je dis que dans cette vue il a consenti à se faire homme, à mourir sur une croix, à tout souffrir de la part de votre nation. Mais, Tryphon, puisque vous revenez sur ce que vous avez admis, répondez-moi : les justes et les patriarches qui ont vécu avant Moïse, et qui par conséquent n’ont pu observer une loi que l’Écriture ne fait remonter qu’à lui, seront-ils sauvés, auront-ils part ou non à l’héritage des saints ?

— Ils seront sauvés, répondit-il, les Écritures m’obligent de l’admettre.

— J’ai une autre question à vous faire, lui dis-je : est-ce parce qu’il en avait besoin, que Dieu a commandé à vos pères de lui offrir des présents et des victimes ? Ou bien était-ce à cause de la dureté de leur cœur et de leur pente vers l’idolâtrie ?

— Les Écritures me forcent encore ici d’être de votre avis.

Alors je repris : — Dites-moi si Dieu avait promis ou non de donner un Testament nouveau, après celui qui fut donné sur le mont Oreb.

Il me répondit que les Écritures l’annonçaient formellement.

— Mais l’ancien Testament, continuai-je, ne fut-il pas donné à vos pères au milieu d’un si grand appareil de terreur et d’effroi, qu’ils ne pouvaient entendre la voix de Dieu, ni même souffrir qu’il leur parlât ?

— Je l’avoue, me dit-il.

— Pourquoi donc, lui dis-je, Dieu a-t-il promis de donner un nouveau Testament, et annoncé qu’il ne le donnerait plus comme le premier, au milieu de l’appareil terrible du tonnerre et des éclairs ? Ne voulait-il pas nous montrer quelle différence il mettait entre la loi éternelle faite pour tous les hommes, et