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je ne veux pas ici étaler un vain appareil de mots, uniquement pour faire parade d’éloquence ; d’ailleurs je n’ai pas ce talent : Dieu m’a seulement donné la grâce de comprendre les Écritures. Je vous conjure tous d’entrer avec moi en partage de cette grâce, puisqu’elle vous est offerte d’une manière si généreuse et si désintéressée. Et si je vous fais cette invitation, c’est pour n’être pas moi même condamné au jour du jugement que le Dieu créateur doit faire subir à tous les hommes par notre Seigneur Jésus-Christ.

— Votre conduite ici est bien digne de respect, me dit Tryphon ; mais vous me paraissez blesser un peu la vérité, lorsque vous dites que vous ne possédez point le talent de la parole et l’art de bien dire. — Soit, lui dis-je, si vous voulez que je le possède ; mais ce que je vous ai dit à cet égard, c’est bien ce que je pense. J’entre dans le développement de mes autres preuves, donnez-moi toute votre attention.

— Parlez, répondit-il.

— Le Dieu qui se fit voir aux patriarches est souvent appelé ange et Seigneur ; c’est ainsi que le désigne Moïse. Et pourquoi, mes chers amis ? C’est afin que vous sachiez qu’il est le ministre du Dieu créateur. Vous en convenez avec moi, et plus vous avancerez, plus vous rencontrerez de nouvelles preuves de cette vérité. L’Esprit saint racontant par Moïse ce qui était arrivé à Jacob, petit-fils d’Abraham, s’exprime en ces termes : « Lorsque le temps de la conception des brebis fut venu, je levai les yeux et je vis en songe les boucs et les béliers monter sur les chèvres et les béliers ; ils étaient marqués de blanc, tachetés, et de couleur cendrée. Et l’ange me dit en songe : Jacob, Jacob ! Et moi je répondis : Qu’y a-t-il, Seigneur ? Et il me dit : Lève les yeux et vois les boucs et les béliers marqués de blanc, tachetés de couleur cendrée, s’approcher des femelles ; car j’ai vu tout ce que t’a fait Laban. Je suis le Dieu qui me suis montré à toi dans ce lieu qui appartient au Seigneur, où tu as imprimé une marque en répandant l’huile sur la pierre et fait un vœu. Maintenant donc sors de cette terre, lève-toi et retourne dans la terre de ta naissance. »