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populations de la Judée, attentives à sa parole et à ses miracles. Ainsi, quand on voit Jésus-Christ, habitant la ville la plus ignorante de la Judée, étranger aux lettres humaines, enseigner et pratiquer le pardon des injures, l’amour des ennemis, la pureté, l’indulgence, le culte de la foi, de l’espérance et de l’amour, on comprend pourquoi il a été bon que cette haute raison et cette sublime vertu fussent mises en regard des infamies de Rome et des turpitudes de Caprée ; car le temps de la vie de Tibère, ce monstre couronné, était le temps de la vie mortelle d’un Dieu. C’est le fils d’un artisan, né dans une crèche, caché trente ans dans l’obscurité, mort sur une croix, après avoir parlé aux hommes pendant trois ans, qui a changé l’univers maintenant rempli de son nom. Il a été mis dans un tombeau et ses disciples sont morts pour attester sa résurrection, et ses ennemis n’ont jamais pu montrer son corps. « Du sein du plus furieux fanatisme, dit un philosophe moderne[1], la plus haute sagesse se fit entendre, et la simplicité des plus héroïques vertus honora le plus vil des peuples. Où Jésus avait-il pris, chez les siens, cette morale élevée et pure dont lui seul a donné l’exemple ? » Jésus-Christ, après avoir appris aux Juifs l’unité et la trinité de l’essence divine, et leur avoir déclaré qu’il était une des trois personnes de la Divinité, descendue sur la terre pour arracher les hommes à la corruption et à la mort, et pour leur donner une félicité éternelle, scella de son sang son amour pour l’humanité et remplaça par son sacrifice ineffable tous les sacrifices sanglants. Il avait annoncé qu’il serait livré aux princes des prêtres, condamné à mort, moqué, flagellé, crucifié, et qu’il ressusciterait le troisième jour. Avant de monter au ciel, il promit à ses apôtres la conquête de l’univers, et il annonça le châtiment terrible qui allait tomber sur les Juifs devenus le peuple déicide.

« Dans toutes les hypothèses imaginables, selon un écrivain moderne[2], on trouve toujours que Jésus-Christ a prévenu la

  1. J.-J. Rousseau.
  2. M. de Châteaubriant.