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à nos lecteurs, avec la traduction des Pères, une histoire de l’établissement et de la propagation de l’Église. On verra l’Église catholique, dans ses divers siècles, régénérant l’univers, abolissant l’esclavage, empêchant la barbarie de détruire les derniers vestiges des sciences et des lettres humaines, réformant les lois, accueillant les Grecs chassés de Constantinople, refoulant les mahométans en Asie et en Afrique, appelant le monde à la lumière et à la liberté des enfants de Dieu. Il sera ainsi manifeste que, pendant dix-huit cents ans, l’histoire de l’Église chrétienne a été l’histoire de la civilisation, des mœurs, de la législation, de la philosophie, de l’humanité tout entière.

Quand le Christianisme commença, Rome vivait sous les empereurs. Pendant six siècles, sous ses rois et sous ses consuls, elle avait travaillé à étendre sa puissance, et tout avait concouru à lui livrer l’empire du monde : sa constitution, sa politique, ses institutions et jusqu’à ses dissensions intestines, qui la forçaient de porter la guerre au dehors, pour ne pas l’avoir au dedans. Elle ne se reposa que lorsqu’elle ne trouva plus aucune résistance à ses projets d’agrandissement. Obligée alors de se replier sur elle-même, elle succomba sous sa propre grandeur. Dieu, dans les desseins de sa sagesse infinie, préparait ainsi les voies miraculeuses du Christianisme. Il fallait que toutes les nations devinssent comme un seul peuple, afin que des communications fussent ouvertes entre toutes les parties de la terre ; et tel a été le résultat de la domination d’un seul, domination qui commença sous Jules-César. César périt par le poignard de Brutus, et Octave, son neveu, qui n’avait point ses vertus guerrières, mais qui possédait tous les talents de la paix, parvint, après la bataille d’Actium, à réunir sous son empire la Gaule et l’Espagne, l’Euphrate, l’Atlas, l’Euxin et le Danube. Par lui, la république romaine finit avec les dissensions civiles et les guerres de nation à nation. Quatre cent mille hommes armés continrent cent vingt millions de sujets et quatre millions de citoyens romains. Tribun, souverain pontife, empereur, consul à Rome, proconsul dans