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en voit la raison. L’hérésie varie, parce qu’elle est une production de l’esprit humain, et que l’homme trouve toujours quelque chose à corriger dans l’ouvrage de l’homme. L’Église catholique ne varie pas, parce que sa foi venant de Dieu, il n’est pas plus possible de la réformer qu’il ne l’est de changer le cours du soleil et des astres.

Les hérésies ont, sans contredit, causé de grands préjudices à l’Église. Elles lui ont enlevé nombre de ses enfants, et même des peuples entiers, comme ont fait Luther et Calvin. Mais voyez la fécondité qui est en elle ! À mesure qu’elle éprouvait des pertes en Allemagne et en Angleterre, elle les réparait ailleurs par de nouvelles générations de Chrétiens, et elle n’a pas cessé un moment d’être catholique, et si visiblement catholique, que, si vous demandez dans un pays protestant où se célèbre le culte catholique, on ne vous indiquera pas un temple protestant. Cette force qui rend l’Église perpétuellement féconde vient-elle des hommes ?

Ajoutons une dernière considération à ce que nous venons de dire.

Si la foi catholique était une œuvre humaine, les hérétiques auraient eu grande raison de l’attaquer, et il y a longtemps qu’ils l’auraient détruite, par la seule force du raisonnement. Qu’ont-ils voulu, pour la plupart ? Expliquer humainement et abaisser au niveau de la raison des mystères qui lui sont incompréhensibles tels qu’on les lui présente. Cette entreprise était fort naturelle et fort raisonnable : car si les mystères ne viennent pas de Dieu, leur incompréhensibilité même implique contradiction. Qu’un homme mette en circulation des opinions fausses et même absurdes, cela se voit tous les jours, et tous les jours aussi on les réfute parce qu’on les comprend. Mais un homme proposer des idées qui ne soient pas dans la sphère des idées humaines, un homme inventer et faire croire des choses qui soient au-dessus de toutes les intelligences de la même nature que la sienne ! cela est impossible. Donc il faut approprier les mystères à la raison, s’ils ne viennent pas de Dieu.

Mais, s’ils viennent de Dieu, on conçoit parfaitement l’inva-