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À quoi ont abouti tant d’efforts faits par tant de sectes pour introduire dans la foi catholique quelques dogmes particuliers ? Au triomphe de cette même foi. Dans le cours des siècles il n’est jamais arrivé que l’Église se soit laissée surprendre par aucune secte, qu’elle ait fait la moindre concession, adopté la moindre innovation, de quelque masque que se couvrissent les novateurs, quelque séduction, quelque ruse qu’ils employassent, quelque pouvoir qu’ils eussent reçu des princes de la terre qui les protégeaient. Mais elle a flétri toutes les sectes, grandes et petites, d’une condamnation éternelle, et l’effet en a été de rendre de plus en plus éclatante l’invariabilité, la perpétuité de sa foi ; car les décisions que fait l’Église, en matière de foi, ne sont point de nouveaux articles de foi, mais la confirmation de la foi reçue ; elles ne sont que des explications plus détaillées de la même foi, et plus propres par la précision des termes à écarter les subtilités de l’hérésie. Ainsi, le concile de Nicée expliqua l’article du symbole des Apôtres, « et je crois en Jésus-Christ, son fils unique, Notre-Seigneur, » par ces mots : « et je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, fils unique de Dieu, né du Père, avant tous les siècles ; Dieu de Dieu, lumière de lumière, Dieu vrai du Dieu vrai, engendré, non fait, consubstantiel au Père. » Le mot consubstantiel confondait les ariens et rendait suspectes aux simples fidèles toutes les nouvelles professions de foi, où il ne se trouvait pas. De même, dans l’exposition de la foi catholique sur l’Eucharistie, le concile de Trente a consacré un mot nouveau, le mot transsubstantiation, lequel exprime si nettement et si précisément qu’il n’y a plus ni pain ni vin après la consécration.

Deux faits également palpables sortent de la lutte des hérésies : d’un côté, invariabilité de l’Église, qui les a condamnées ; de l’autre, variation continuelle des hérésies condamnées ; témoins, sans parler de tant d’autres, témoins les protestants qui se sont partagés et se partagent encore tous les jours en milliers de sectes différentes. Pourquoi l’hérésie varie-t-elle toujours, et l’Église catholique jamais ? Tout le monde