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ils pas tous les jours leur impuissance à cet égard, quand ils disent que les lois et les constitutions doivent se modifier selon les progrès de la société ?

Il n’en est pas ainsi de la constitution et de la foi de l’Église catholique. Elles sont établies pour tous les siècles ; elles ne reçoivent de modification ni du changement des temps, ni du changement des idées, ni du changement des mœurs. De même que nous professons aujourd’hui la même foi que professaient nos pères, les pères de nos pères et leurs ancêtres jusqu’aux temps apostoliques, nous sommes gouvernés aujourd’hui par le même ministère pastoral qui les a gouvernés, par la même hiérarchie du pape, des évêques et des prêtres. En un mot, la constitution de l’Église n’est pas moins que sa doctrine hors de l’empire du temps ; dix-huit cents ans d’expériences en sont la démonstration complète. Elles ne viennent donc, ni l’une ni l’autre, de l’esprit imprévoyant des hommes, mais de l’esprit de Dieu, qui voit l’avenir, comme le présent et le passé.

Que de causes se sont rencontrées pendant dix-huit siècles, ou pour détruire entièrement, ou du moins pour changer en partie la foi chrétienne ! Elle a triomphé de toutes ces causes de changement et de destruction ; immuable, quand tout a changé autour d’elle, invincible, quand tout s’est ligué contre elle. Il y a donc une main toute puissante qui la soutient et la conserve.

Trois cents ans de persécutions sanglantes prouvèrent au monde idolâtre que la force ne pouvait rien contre la foi, et il abandonna ses idoles. Vainement la tyrannie épuisa-t-elle, dans l’immense étendue de l’empire romain, tout ce qu’elle put inventer de tortures et de supplices pour épuiser le courage des Chrétiens : la patience fut plus forte que la cruauté, et le sang des martyrs devint une semence féconde de nouveaux Chrétiens. Ils se multiplièrent plus encore qu’on immolait de victimes, bien qu’on les fît tomber par milliers, et la foi s’étendit par toute la terre, sous le fer et le feu des persécutions. Ô divine force d’une institution que nulle force humaine ne peut vaincre !