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Or, il est impossible qu’ils aient été unanimes pour enseigner comme dogme catholique, c’est-à-dire comme dogme cru universellement, ce qui n’était que leur croyance particulière. Direz-vous que leur unanimité a été fortuite ou concertée ? Fortuite ! c’est un mot vide de sens. Concertée ! c’est une absurdité. Est-ce qu’il pouvait y avoir concert entre des personnes placées à de si grandes distances les unes des autres, qu’elles ne se voyaient et ne se connaissaient même pas ?

Les Pères n’ont pu ni se tromper, ni tromper sur la foi de l’Église.

Ils n’ont pu se tromper. La foi de l’Église est un fait public et éclatant. Ce que croit l’Église, elle veut qu’on le croie partout ; elle repousse de son sein quiconque diffère d’elle sur quelque point que ce soit. Donc tout le monde sait ce que croit l’Église ; donc il est impossible de prendre même involontairement un dogme particulier pour un dogme catholique.

Les Pères, tromper ! Quelle indigne supposition envers des personnages si graves, si éminents en vertus, et qui protestent tous qu’il n’est permis à personne de rien changer à la foi établie et reçue partout ! « Bien qu’il y ait dans le monde diversité de langues, dit encore saint Irenée, il n’y a pour tous les peuples chrétiens qu’une seule et même tradition, de sorte que les Églises d’Allemagne, d’Espagne, des Gaules, de l’Orient, de l’Égypte ou de la Libye, celles mêmes qui se sont établies dans les régions les plus lointaines, n’ont pas une croyance qui les distingue les unes des autres. Il n’y a qu’une seule et même foi. Ni tout le génie des orateurs n’y peut rien ajouter, ni toute leur faiblesse n’en peut rien diminuer. » (Contrà hæreses.)

Les Pères, tromper ! Est-ce qu’ils auraient pu le faire, quand ils auraient pu le vouloir ? Est-ce que la foi du clergé et des fidèles ne se serait pas à l’instant soulevée contre eux ? Est-ce qu’on ne leur aurait pas dit de toutes parts : « Ce n’est point là ce que nous croyons ; ce n’est point là ce que nous enseigne l’Église ? » Quels cris d’indignation et de réprobation la ville entière de Constantinople ne fit-elle pas éclater contre Nes-