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à nous autres Chrétiens, qui aimons, qui adorons après Dieu le père, la parole divine, le Verbe engendré de ce Dieu incréé, inénarrable. C’est pour nous que ce Verbe s’est fait homme, c’est pour guérir tous nos maux qu’il les a tous soufferts. À la faveur de la raison qu’il a mise en nous comme une semence précieuse, vos philosophes ont pu quelquefois entrevoir la vérité, mais toujours comme un faible crépuscule. Ce simple germe, cette légère ébauche de la vérité, proportionnée à notre faiblesse, peut-elle se comparer avec la vérité elle-même, communiquée dans toute sa plénitude et selon toute l’étendue de la grâce ?

XIV. Princes, il nous reste à vous prier instamment de rendre publique cette requête ; vous y mettrez au bas ce qu’il vous plaira, pourvu que notre doctrine soit connue de tous, que la vérité brille à leur yeux, et qu’ils puissent sortir des ténèbres de l’erreur et de l’ignorance, ignorance coupable qui les expose à de justes châtiments. En effet, nous naissons tous avec la faculté de distinguer ce qui est honnête et ce qui ne l’est pas. Eh bien ! comment nos adversaires en usent-ils ? Sans nous connaître, ils nous condamnent sur la simple accusation des crimes qu’on nous impute, et, d’un autre côté, ils se plaisent à rendre leurs hommages à des dieux qui commettent ces crimes et qui les exigent des hommes. Quelle inconséquence ! Lorsqu’ils viennent, comme si nous étions coupables de ces infamies, demander qu’on nous livre à la mort, aux fers ou à tout autre châtiment, ne prononcent-ils pas un arrêt contre eux-mêmes ? est-il besoin d’appeler, pour les condamner, d’autres juges que leur conscience ?

XV. J’ai déjà, dans Samarie, ma patrie, frappé d’un juste mépris la doctrine de Simon, si erronée, si impie. Puisse votre autorité prêter appui à cette courte requête ! elle attirera tous les regards et nous pourrons peut-être changer tous les cœurs.

C’est l’unique but de nos efforts en vous adressant cet écrit. Certes, la doctrine des Chrétiens, si on en juge sainement, n’a point à rougir ; loin de là, elle s’élève au-dessus de toutes les doctrines humaines. Du moins, elle n’a pas le danger des principes d’un Épicure, d’un Sotade, d’un Philénis, ou des poésies