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Jésus-Christ, vivront à jamais avec Dieu, exempts de tous maux, c’est-à-dire excepté les hommes qui sont devenus Chrétiens, tout le reste est contre nous.

Rencontrez-vous un homme justement puni pour ses crimes, par un père, par un voisin, un ami, un fils, un frère, un époux, une épouse ? nous avons en lui un ennemi juré. Sa volonté obstinée au mal, son amour effréné des plaisirs, son cœur rebelle à la vertu, l’arment contre les Chrétiens. Ajoutez la haine infatigable du démon qui attache à son culte, anime de son esprit, tient sous sa dépendance des juges de ce caractère, et vous connaîtrez les ennemis qui ne cessent de vous demander notre mort.

Le fait dernièrement arrivé sous Urbicus va vous en convaincre.

II. Il importe que vous en connaissiez la cause ; je vais vous exposer tout ce qui s’est passé. Une femme avait un mari extrêmement débauché, elle était elle-même de mœurs peu régulières. Mais devenue Chrétienne, elle ne se contenta pas de changer de conduite, elle voulut encore tirer son mari de ces criminelles habitudes. Elle lui parlait de la doctrine de Jésus-Christ, elle lui montrait dans l’avenir les feux éternels réservés à ceux qui vivent au gré de leurs passions et refusent d’écouter le langage de la raison. Mais celui-ci, loin de renoncer à ses désordres, s’y plongea de plus en plus, au point d’aliéner entièrement de lui le cœur de sa femme : elle crut ne pouvoir sans crime rester avec un mari dont les passions effrénées souillaient le mariage et ne respectaient aucune loi, elle résolut donc de quitter sa couche et de faire rompre ses liens. Mais ses amis l’engagèrent à user de patience, à différer encore. Ils lui représentaient que son mari pouvait changer ou du moins lui donner cet espoir. Elle se laissa gagner et se fit violence pour rester avec lui ; mais dans un voyage qu’il fit à Alexandrie, il lui déclara qu’il ferait pis encore. C’est alors qu’elle craignit d’être la complice impie et sacrilége de ses turpitudes, si elle continuait à partager sa table et son lit : elle lui envoya donc ce que vous appelez un libelle de divorce.