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Nous voyons la désolation de la Judée telle qu’elle a été prédite, des hommes chez tous les peuples brisant leurs vieilles idoles, renonçant à leurs anciennes erreurs pour embrasser la doctrine des apôtres, et ces hommes c’est nous-mêmes : nous voyons plus de Chrétiens sortir de la gentilité que de la Judée et de Samarie, et nous les trouvons Chrétiens plus vrais et plus sincères. Car l’Esprit saint appelle gentils tous ceux qui ne sont ni Juifs ni Samaritains ; et désigne ces deux derniers peuples par les noms de maisons d’Israël et de Jacob. Il avait prédit, en effet, qu’il devait se convertir à Jésus-Christ plus de gentils que de Juifs et de Samaritains ; témoin cet oracle d’Isaïe : « Réjouis-toi, stérile, qui n’enfante pas ; chante des cantiques de louanges, pousse des cris d’allégresse, toi qui n’avait pas d’enfants : l’épouse abandonnée, a dit le Seigneur, est devenue plus féconde que celle qui a un époux. » L’épouse abandonnée c’étaient les nations qui jusqu’alors avaient ignoré le vrai Dieu ; les Juifs qui conservaient les oracles des prophètes, et qui n’avaient cessé d’attendre le Christ, le méconnurent quand il parut. Un très-petit nombre d’entre eux dont Isaïe avait annoncé le salut crurent en lui ; c’est en ces termes que le prophète fait parler le peuple d’Israël : « Si le Dieu d’Israël n’avait sauvé quelques restes d’entre nous, Israël serait semblable à Sodôme et à Gomorrhe. » On connaît le sort de ces deux villes habitées autrefois par des hommes impies et perdus de crimes. Elles furent consumées, dit Moïse, et dévorées par un feu mêlé de souffre ; tout a péri, excepté un étranger nommé Loth et ses filles, à qui Dieu fit grâce. Depuis l’anathème porté sur cette contrée, elle est restée aride et abandonnée, ainsi que le voyageur peut s’en convaincre. Nous avons dit que plus de sincérité et de franchise distinguerait les gentils, c’est encore ce qu’avait annoncé Isaïe : « Tous les gentils, dit-il, sont incirconcis de corps ; mais c’est le cœur qui est incirconcis chez les enfants d’Israël. »

Pour l’homme qui cherche la vérité de bonne foi, qui ne s’attache pas à de vains systèmes et n’est l’esclave d’aucune passion, rien ne nous paraît plus imposant que cet ensemble d’autorités si graves, et plus propre à montrer comme