déjà passé ? Pour vous convaincre que c’est dans ce sens qu’il faut entendre ces oracles, remarquez que David qui les a prononcés vivait plus de mille ans avant que Jésus-Christ se fît homme et fût crucifié. Or, ni avant ni après lui, aucun homme mis en croix n’a apporté la paix aux nations. Jésus-Christ seul, après avoir été crucifié et mis à mort, est ressuscité, est monté aux cieux, a régné ; lui seul, par la doctrine que ses apôtres ont prêchée en son nom à toutes les nations, est devenu la joie de ceux qui attendent cette vie incorruptible que lui-même a promise.
XLIII. Mais parce que nous disons que tout a été connu et prédit d’avance, n’allez pas croire que nous pensions que tout est soumis aux lois d’une fatale nécessité. Détruisons cette erreur. Les prophètes nous ont appris que des châtiments ou des récompenses nous sont réservés, selon nos œuvres ; c’est une vérité que nous professons. S’il en est autrement, si tout est soumis aux lois d’une aveugle nécessité, dès lors il n’y a plus de liberté dans l’homme ; s’il est bon ou mauvais, parce qu’ainsi le veut le destin, il n’est ni louable ni répréhensible ; s’il n’a pas la faculté de choisir entre le bien et le mal, quoi qu’il fasse, il est sans crime. Mais c’est librement que l’homme embrasse la vertu, c’est librement qu’il se plonge dans le vice, et voici comme nous le démontrons. Ne voyons-nous pas le même homme passer successivement du vice à la vertu, de la vertu au vice ? Or, s’il était arrêté par le destin qu’il est nécessairement bon ou mauvais, serait-il capable des contraires, changerait-il si souvent ? Disons mieux, il n’y aurait plus ni bons ni méchants ; car de deux chose l’une, ou il faudrait tout rejeter sur le destin et le reconnaître seul auteur de toutes ces contradictions, ou dire qu’il n’y a ni vice ni vertu, que le bien et le mal ne sont qu’une affaire d’opinion, système, comme la saine raison le démontre, le plus impie et le plus absurde. Il n’est à nos yeux qu’une seule destinée inévitable, c’est que ceux qui choisissent la vertu recevront la récompense qu’ils méritent et ceux qui préfèrent le vice auront également le salaire qui leur est dû. Dieu n’a pas créé l’homme semblable aux plantes, ni aux bêtes