tence de Dieu et l’immortalité de l’âme. Le 12 octobre 1770, il écrivait à d’Alembert : « Tout ce qui m’environne est l’empire du doute, et le doute est un état désagréable. Y a-t-il un Dieu, tel qu’on le dit, une âme telle qu’on l’imagine ? Des relations, telles qu’on les établit ? Y a-t-il quelque chose à espérer après le moment de la vie ?… Tous les êtres sont-ils égaux devant le grand être qui anime la nature ? L’âme de Ravaillac est-elle égale à celle d’Henri IV, ou ni l’un ni l’autre n’aurait-il d’âme ? Que le héros philosophe débrouille tout cela ; pour moi je n’y entends rien. »
D’Alembert lui répondit le 30 du même mois : « Je vous avoue que, sur l’existence de Dieu, je ne vois que le scepticisme de raisonnable. Qu’en savons-nous ? est pour moi la réponse à presque toutes les questions de métaphysique. »
Voilà les philosophes passant du déisme au scepticisme, toujours sous l’impression du grand principe de la réforme protestante.
Sont-ils restés sceptiques ? Nullement ; le même principe les a tous précipités, à peu d’exception près, dans un matérialisme et un athéisme dogmatiques.
L’esprit humain n’est pas fait pour le scepticisme. Douter de choses dont dépend un bonheur ou un malheur éternel est un état contre nature qui incessamment remplit l’âme d’inquiétude et de trouble. Quelle vie agitée que celle d’un homme qui se dit à lui-même : Il y a peut-être un Dieu qui est présent partout et qui voit jusqu’à mes plus secrètes pensées ; il y a peut-être une loi qu’il a donnée aux hommes, et cette loi est peut-être celle que je repousse ; il y a peut-être une autre vie où sont punies les infractions de la loi de Dieu sur la terre. Affreux peut-être ! cruelle incertitude !
Pour s’en délivrer et pour en délivrer leurs frivoles et crédules sectateurs, les philosophes n’ont fait que donner plus de développement et d’extension au principe de Luther et de Calvin, sur lequel ils avaient établi leur déisme.
Ils ont dit :