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« Si l’homme pieux est mis au même rang que les impies, si le très-bon Jupiter ne connaît pas la justice, où sera la récompense de la vertu ? »

Dans Philoctète :

« Voyez comme les dieux font de brillantes affaires ! Celui qui a le plus d’or dans son temple est le plus admiré. Pourquoi ne pas chercher à nous enrichir, puisqu’il est permis de ressembler aux dieux ? »

Enfin, dans Hécube :

« Jupiter, qui que tu sois, car je ne te connais que de nom, Jupiter, es-tu le destin qui préside au monde, ou l’âme des mortels ? N’importe, je t’invoquerai. »

C’est faire preuve de vertu et de sagesse, que de se déclarer pour le seul Dieu véritable et de s’attacher étroitement à lui ; que de savoir user de sa raison pour assurer son salut, de son libre arbitre pour choisir le meilleur parti ; et de ne plus regarder comme les maîtres souverains du monde des êtres esclaves de toutes les passions humaines, puisqu’après tout ils se trouveraient même au-dessous des hommes.

Démodocus, dans Homère, dit qu’il n’a pas eu d’autre maître que lui-même ; que bien qu’il ne fût qu’un homme, Dieu lui inspirait ses chants.

Et votre Apollon, votre Esculape, on les voit chez le centaure Chiron, apprenant l’art de guérir. Le fait est rare : des dieux à l’école d’un homme ! Que dirai-je de Bacchus, qu’un poëte nous peint furieux ; d’Hercule, que le même auteur nous montre misérable ?

À quoi bon mettre ici en jugement Mars et Vénus, ces maîtres en fait d’adultère, et prononcer la sentence d’après la conviction de leurs crimes ?

Qu’un homme, sans connaître les actions de vos dieux, vienne à les retracer dans sa conduite, malgré la corruption du siècle, vous le déclarez ennemi de la société, ennemi de l’humanité elle-même. Mais si cet homme connaissait la vie de ces dieux, il aurait un moyen facile d’échapper au châtiment : il lui suffirait de vous dire qu’on n’est point coupable en imitant la di-