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moyen de savoir quel culte est agréable à Dieu, si Dieu ne le lui révèle point. Ainsi, dès le premier pas ils sont obligés de confesser leur ignorance sur la religion naturelle, car la religion consiste essentiellement à régler le culte divin.

Faut-il prier Dieu ? Ils n’en savent rien. Ils disent là-dessus le pour et le contre. J.-J. Rousseau condamne la prière non-seulement comme inutile, mais comme injurieuse à Dieu.

Dieu est-il le créateur du ciel et de la terre, ou n’est-il que le moteur et l’ordonnateur de la matière éternelle ? Est-ce la matière qui pense en nous, ou bien est-ce une substance distinguée du corps ? L’homme, qui dans cette vie ne sent et ne pense que par les organes du corps, peut-il sentir et penser après que la mort a dissous ces organes ? Ils n’en savent rien. Toutes ces questions sont insolubles pour eux. Et comment ne le seraient-elles pas ? Leur principe est de ne croire que ce qu’ils comprennent. Or, ils ne comprennent, ainsi que nous, ni que la matière soit éternelle, ni qu’elle soit créée, ni que la substance qui pense en nous soit matérielle, ni qu’elle soit immatérielle.

Les déistes ont-ils pu, du moins, se fixer sur un système de morale ? Pas plus que sur un système de doctrine. Voltaire et Rousseau ont fait l’apologie du suicide.

Du principe de Luther et de Calvin, que dans la religion, comme dans les sciences, on ne doit croire que ce que l’on conçoit clairement, les déistes avaient conclu à l’inadmissibilité de la religion chrétienne, dont les dogmes sont si profondément au-dessus de toutes les intelligences humaines. La nature leur offrant d’autres mystères non moins inexplicables, ils conclurent ensuite du même principe au doute universel de toute religion soit positive, soit naturelle, au doute de tout ce qui intéresse la vie morale de l’homme.

Voltaire, tout à la fois le plus fanatique ennemi qu’ait eu la religion chrétienne, et le plus infatigable défenseur qu’ait eu le déisme, a fini par douter lui-même des deux dogmes capitaux qu’il avait enseignés pendant cinquante ans de suite, comme base de toute société et de toute philosophie : l’exis-