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connaissance des choses terrestres et qui prétendent être aussi instruits des choses du ciel que s’ils les avaient vues ! C’est ainsi qu’Aristote, au lieu de placer Dieu, comme l’a fait Platon, au centre d’une substance ignée, et comme s’il avait vu ces mystères de plus près, le fait résider dans un cinquième élément éthéré ; et lui, qui veut que l’on ait une croyance entière dans tout ce qu’il dit, parce qu’il le dit avec élégance, s’est donné la mort de honte et de dépit pour n’avoir pu parvenir à connaître la nature de l’Euripe, détroit près de Chalcis ? Que tout homme sage préfère son salut à la vaine éloquence de ces philosophes et se bouche les oreilles avec de la cire, comme dit un vieux proverbe, pour se dérober à la mort où mène par une pente si douce la voix de ces syrènes ; car ces écrivains, par le charme de leur éloquence, comme par une amorce trompeuse, en détournent plusieurs de la véritable religion, à l’exemple de celui qui osa enseigner la pluralité des dieux aux premiers hommes. Je vous exhorte donc à ne pas les suivre, mais à vous attacher plutôt à la méditation des saints prophètes. Mais, peut-être, une certaine paresse d’esprit et un reste de prévention vous empêcheront d’aller puiser dans leurs divins oracles la connaissance du Dieu unique et véritable : premier caractère de la vraie religion. Alors, veuillez au moins vous en rapporter à cet Orphée qui, après avoir d’abord enseigné la pluralité des dieux, crut devoir faire une rétractation utile et nécessaire, et le fit dans les termes que j’ai rappelés plus haut ; croyez à ceux qui, comme lui, ont proclamé de la même manière l’unité de Dieu ; car c’est par un effet de la Providence que ces philosophes ont été forcés à dire que le langage des prophètes sur un Dieu unique était celui de la vérité, afin qu’il vous soit plus facile d’arriver à la connaissance du vrai Dieu, en les voyant tous rejeter la doctrine qui enseigne la pluralité des dieux.

XXXVII. Vous pourriez même très-facilement apprendre à connaître la religion véritable par cette ancienne sibylle dont les oracles prononcés dans le moment d’une puissante inspiration se rapprochent assez des paroles de nos prophètes. On dit qu’elle était venue de Babylone et qu’elle était fille de Bérose,