Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il me paraît convenable de recourir à nos ancêtres, qui datent d’une plus haute antiquité que vos philosophes, et qui ne nous ont rien enseigné d’eux-mêmes. Jamais entre eux ne s’éleva ni dissension, ni lutte pour faire triompher leurs opinions ; mais sans effort et sans étude, ils reçurent de Dieu la science qu’ils nous ont enseignée. En effet, de si grandes et si belles notions ne peuvent pas venir dans l’esprit des hommes naturellement et par le seul effort de l’intelligence humaine, il faut qu’elles aient été révélées par celui qui se plaît à se communiquer aux âmes pures et privilégiées. Ces hommes, aimés de Dieu, n’avaient pas alors besoin de l’artifice du langage, et ils n’étaient pas animés par le seul désir de faire briller leur esprit dans les controverses ; mais dociles à se prêter à l’œuvre de l’Esprit-Saint, ils recevaient religieusement la parole divine, et ils étaient entre les mains de Dieu comme une lyre dont il se servait pour annoncer sa vérité aux hommes. Voilà pourquoi ils s’accordent si bien entre eux dans leur langage, en sorte que l’on dirait qu’ils n’ont qu’une même bouche, une même langue pour nous apprendre l’origine du monde, la création de l’homme et l’immortalité de l’âme, le jugement de Dieu après cette vie, et enfin toutes les connaissances qui nous sont nécessaires. Et bien que ces prophètes, de qui nous tenons la vérité, aient paru en des temps différents, ils nous ont toujours transmis la doctrine divine.

IX. Je commencerai par vous parler de Moïse, le premier de nos prophètes et de nos législateurs, et j’établirai l’époque où il a vécu sur les autorités les plus graves. Car ma pensée n’est pas de vous prouver la vérité de ce que j’avance, en m’appuyant seulement sur nos saintes Écritures, que vos préjugés vous feraient peut-être récuser ; mais je vous opposerai votre propre histoire, qui n’a rien de commun avec notre religion. Vous verrez par vos historiens mêmes que Moïse, le premier chef de notre religion, est beaucoup plus ancien que vos sages et vos poëtes, ou que vos écrivains, vos philosophes et vos législateurs. En effet, vos historiens rapportent qu’au temps d’Inachus et d’Ogygès, qui passaient assez généralement parmi vous