Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’à repousser les ennemis, ils eussent sans doute éprouvé un grand échec, si une grande grêle et quantité de foudres ne fussent tombés sur les barbares. On voyait donc dans le même lieu l’eau et le feu tomber ensemble du ciel, les uns se désaltérer et reprendre leurs forces, les autres être brûlés et périr ; car le feu ne tombait point sur les Romains, ou s’il y tombait quelquefois, il s’éteignait aussitôt, et la pluie qui tombait sur les barbares n’éteignait point les flammes qui les dévoraient ; elle les augmentait, au contraire, comme si c’eût été de l’huile. Ainsi les ennemis cherchaient de l’eau, quoique tout trempés de pluie, et se blessaient eux-mêmes pour éteindre le feu par leur sang. Une partie d’entre eux se jetait entre les bras des Romains, pour qui seuls ils voyaient que cette pluie était avantageuse ; en sorte que Marc-Aurèle eut pitié d’eux. Après une victoire si surprenante, ce prince fut proclamé par les soldats empereur pour la septième fois. »

On a pu remarquer que, selon Dion, on attribuait ce prodige à un magicien nommé Armuphis, qui était à la suite de l’empereur. Dans Suidas, d’autres païens le rapportent à un magicien originaire de Chaldée, nommé Julien. Capitolin en fait honneur à Marc-Aurèle, et assure qu’il l’obtint du ciel par ses prières. Selon Chemistius, cette merveille fut l’effet de la prière et la récompense de la vertu de cet empereur. Claudien dit que les armes romaines doivent laisser au Ciel toute la gloire de ce combat ; soit que des magiciens chaldéens, par la force de leurs enchantements, aient engagé les dieux à combattre pour Rome ; soit que la vertu de Marc-Aurèle (comme il me paraît plus vraisemblable, ajoute ce poëte) ait obligé le dieu du tonnerre de venir à son secours. Dans la chronique d’Antonin, les païens attribuent prodige à Jupiter pluvieux.


Lettre sur les martyrs de Lyon.


Nous croyons devoir rapporter ici ce que nous n’avons pas cité dans la lettre écrite par les témoins oculaires des souffrances des martyrs des Gaules.

« Les serviteurs de Jésus-Christ qui demeurent à Vienne et à Lyon de Gaule, aux frères d’Asie et de Phrygie, qui ont la même foi et la même espérance : Paix, grâce et gloire dans la mort de Jésus-Christ notre Seigneur ! (Après un préambule, ils racontent le détail de leurs souffrances en ces termes : ) L’animosité des païens était telle contre nous, que l’on nous chassait des maisons particulières, des bains, de la place publique, et qu’en général on ne souffrait pas qu’aucun de nous parût en quelque lieu que ce fût. Les plus faibles se sauvèrent, les plus courageux s’exposèrent à la persécution. D’abord le peuple s’emportait contre eux par des cris et