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s’élevant au-dessus d’elles-mêmes courir aux flammes et aux bûchers, et offrir aux tourments leurs corps faibles et délicats[1]. »

C’est un beau spectacle que celui de l’Église faisant tous les jours de nouveaux progrès, malgré les édits des empereurs sans cesse renouvelés pour maintenir l’idolâtrie, malgré l’apologie du paganisme par les philosophes et leurs écrits contre la religion, malgré les cris des païens dans l’amphithéâtre pour demander le sang des Chrétiens, et les supplices des fidèles continués depuis Néron.

Aussi les païens se convertissaient en foule. « Tant d’Églises, dit Fleury, que nous voyons dès le second siècle, dans tous les pays du monde, ne s’étaient pas formées toutes seules, et ce n’était pas par hasard qu’elles conservaient toutes la même doctrine et la même discipline. La meilleure preuve de la sagesse des architectes et du travail des ouvriers est la grandeur et la solidité des édifices. »

La pureté des mœurs des Chrétiens du premier siècle n’est un doute pour personne. Saint Paul, après avoir attaqué les vices des païens, l’idolâtrie, la fornication, l’adultère, les péchés contre nature, l’avarice, les emportements, le vol, avait dit : « Quelques-uns d’entre vous ont été coupables, mais vous êtes lavés, purifiés, sanctifiés au nom de Jésus-Christ et par l’esprit de Dieu. » Cette pureté se continua sous les disciples des apôtres. Nous en avons pour garants, non-seulement saint Justin, Athénagore, saint Irenée, saint Théophile d’Antioche, qui ont défié les païens de reprocher aucun crime aux fidèles, mais encore la lettre de Pline à l’empereur Trajan que nous avons citée.

Rome, dans le second siècle, était gouvernée par des tyrans qui faisaient trembler l’univers. Au sénat, sur les rochers de l’île de Sériphe, ou sur les rives du Danube, tous les hommes attendaient en silence le destin que leur faisait l’empereur. Pour trouver la liberté, il fallait se réfugier dans la religion chrétienne.

  1. Essai sur les Éloges.