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devinrent des provinces romaines. Ces empereurs, si fiers alors de leurs conquêtes, ne faisaient que préparer les voies à d’autres conquérants, les successeurs de Pierre, qui devaient porter bien plus loin la domination spirituelle de leur maître.

Adrien abandonna les conquêtes de Trajan, et le cours de l’Euphrate fut, comme sous Auguste, la frontière de l’empire.

Le règne d’Adrien ne fut qu’un voyage continuel, tandis que, pendant les vingt-trois années de son règne, Antonin resta paisiblement en Italie ; et Rome et Lanuvie, sa maison de campagne, partagèrent toute sa vie. La paix maintenue au dehors, sous les règnes d’Adrien et d’Antonin, servit à répandre le Christianisme, parce qu’elle permit à tous les hommes de suivre ses progrès et d’étudier ses préceptes.

Les combats de Marc-Aurèle contre les barbares n’empêchèrent pas ce mouvement des esprits.

Pendant sept siècles, le monde n’avait été occupé que des guerres civiles de la république romaine et de ses conquêtes. Le projet de subjuguer l’univers fut abandonné par Auguste, au moment où le véritable roi de la terre allait régner spirituellement par la parole.

Il importe de remarquer que, durant deux cent vingt ans qui s’écoulèrent d’Auguste à Commode, l’empire fut tranquille. Caligula et Domitien furent assassinés dans leur palais, mais l’agitation ne s’étendit pas hors de Rome. L’orage qui s’éleva à la mort de Néron fut bientôt dissipé. Les deux siècles qui suivirent la mort d’Auguste ne furent ni ensanglantés par des guerres civiles, ni troublés par des révolutions. L’univers respirait et put être attentif à la grande révolution morale qui s’opérait, et aux combats soutenus par les disciples de Jésus-Christ.

Le contraste des mœurs païennes et des mœurs chrétiennes brillait donc à tous les yeux ; et tandis que les successeurs des apôtres montraient à la terre le spectacle de toutes les vertus, le sénat déifiait ses empereurs, et, par ses décrets les plaçait dans le ciel. Cette profanation légale n’excitait aucun