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point une vaine exagération, c’était un fait constant et notoire qu’il avançait en présence des empereurs et à la face de tout l’univers. L’accord de leur foi était admirable. Ce qu’on croyait dans les Gaules, dans les Espagnes, dans la Germanie, on le croyait dans l’Égypte et dans l’Orient ; et, comme dit saint Irenée, il n’y avait qu’un même soleil dans tout l’univers ; on voyait dans toute l’Église, d’une extrémité du monde à l’autre, la même lumière de la vérité. Que pouvait avoir vu le monde pour se rendre si promptement à Jésus-Christ ? S’il a vu des miracles, Dieu s’est mêlé visiblement de cet ouvrage ; et s’il se pouvait faire qu’il n’en eût pas vu, ne serait-ce pas un nouveau miracle plus grand et plus incroyable que ceux qu’on ne veut pas croire, d’avoir converti le monde sans miracles, d’avoir fait entrer tant d’ignorants dans des mystères si hauts, d’avoir inspiré à tant de savants une humble soumission, et d’avoir persuadé tant de choses incroyables à des incrédules ? »

« Douze Galiléens, disait dans le dernier siècle un apologiste de la religion chrétienne[1], font adorer leur maître crucifié, non-seulement d’un grand nombre de Juifs qui ont demandé sa mort, mais encore d’une multitude innombrable de gentils. Leur voix retentit par toute la terre, et leur parole se fait entendre jusqu’aux extrémités du monde. Il n’est point de contrée où ils n’enfantent des fidèles, point de région où ils n’érigent des trophées à Jésus-Christ. Ils soumettent à l’Évangile les peuples mêmes à qui les Romains n’ont pu donner des lois ; et l’Église, à sa naissance, est déjà plus étendue que la domination des Césars. Rome a eu besoin de sept cents années de victoire pour former son empire ; le Christianisme désarmé réussit dès son origine chez toutes les nations. »

Ainsi, cent ans après Jésus-Christ, c’est-à-dire dès le second siècle, le monde se renouvelait. Les mœurs et la civilisation se modifiaient également sous tous les climats, en Europe, en Asie, en Afrique, et dans les pays du Nord. Toutes les nations qui embrassaient le catholicisme sortaient de la

  1. Bullet.