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Un autre genre de combat s’éleva en même temps pour l’Église. Saint Paul avait dit : Il faut qu’il y ait des hérésies. Des hérétiques s’étaient montrés dans le premier siècle, mais une parole des apôtres suffisait alors pour leur faire perdre tout crédit. Quand tous les apôtres furent morts, les hérétiques devinrent plus audacieux. L’Église se vit donc attaquée tout à la fois par l’hérésie et par la persécution, mais tous ces efforts réunis ne servirent qu’à mieux établir la divinité et l’unité de sa doctrine.

Ces luttes qui se renouvellent sans cesse révèlent deux forces dans la société chrétienne. Pour confesser sa foi au milieu des supplices, il a fallu l’assistance du Dieu fondateur de l’Église ; mais la résistance aux hérésies et le triomphe des fidèles sur tous ceux qui attaquèrent la foi dans le sein même de l’Église furent le résultat de la constitution même de cette société que Dieu lui avait donnée. Voyons quelle était cette constitution qui s’est développée, mais qui n’a pas cessé d’être la même depuis le premier jour. Un pontife, successeur de Pierre, était le chef ; des évêques avec des prêtres et des diacres gouvernaient la grande famille chrétienne. Quatre ordres comprenaient tous les degrés de la hiérarchie. Ce n’est que plus tard que l’on vit successivement s’établir, sous le nom de patriarches, d’exarques, de métropolitains, de primats, d’archevêques, une longue hiérarchie de pouvoirs intermédiaires entre le premier et le dernier degré de juridiction ; mais l’épiscopat, divinement institué, est le même en tous ceux qui le possèdent[1]. Tout dans l’Église est fondé sur l’unité. Un chef unique a été, dès le commencement, la base de cet édifice éternel.

La société chrétienne se formait ainsi à côté de la société civile, et déjà l’on entrevoit que les successeurs de Pierre devaient remplacer les Césars dans le gouvernement de l’univers.

Depuis l’an 41, les disciples de Jésus-Christ s’appelaient Chrétiens. Ce nom leur avait été donné dans la ville d’Antioche. Auparavant, on les appelait élus, frères, saints, croyants, fi-

  1. De la Tradition sur l’institution canonique.