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les six jeunes hommes bâtissaient sur les eaux, avec des pierres carrées et luisantes, apportées les unes de la terre, les autres du fond de l’eau, par des milliers d’hommes tous uniquement occupés à cela. Les pierres qu’ils tiraient du fond de l’eau étaient toutes taillées et joignaient si bien, que la tour semblait d’une seule pierre ; mais parmi les autres quelques-unes seulement étaient admises, on jetait le reste ; et il y avait aussi près de la tour beaucoup de pierres, ou raboteuses, ou fendues, ou blanches et rondes, qui ne pouvaient servir : et entre les pierres qu’on jetait, les unes roulaient dans le chemin et de là dans des lieux déserts, d’autres dans le feu où elles brûlaient, quelques autres roulaient jusqu’au bord de l’eau sans pouvoir jamais y tomber, si rapide et si précipitée que fût leur chute. « Cette tour, Hermas ! c’est moi, dit l’Église : elle est bâtie sur les eaux régénératrices du baptême, par la foule innombrable des anges, sous la direction des premiers d’entre eux ; et quand le bâtiment sera achevé, ils feront tous ensemble un festin près de la tour, pour glorifier le Seigneur. Elle a pour fondement les apôtres, les évêques, les docteurs, les prêtres et les diacres qui s’acquittent de leur devoir avec sainteté ; les anges tirent, pour la construire, les âmes des martyrs des eaux de la douleur, et celles des néophytes et des fidèles des terres de l’incrédulité. Celles qu’ils trouvent pures et saintes, ils les emploient ; celles qui ont péché et qui veulent faire pénitence, ils les placent auprès de la tour. Les unes sont raboteuses, elles n’ont pas fidèlement gardé la vérité après l’avoir connue ; les autres sont fendues, l’esprit de discorde est dans leur cœur ; les autres trop petites, elles ont embrassé la foi, mais en conservant la plus grande partie de leurs vices. D’autres sont blanches, mais rondes, et il faudra pour qu’elles soient bonnes à quelque chose, en retrancher beaucoup ; elles sont riches, il faudra, pour les rendre saintes, que leurs richesses leur soient enlevées : elles y tiennent trop. Quand tu étais riche, Hermas, tu étais mort ; aujourd’hui tu es vivant, car tu as été de ces pierres. Enfin, les anges brisent et jettent au loin celles qui ont embrassé la foi avec dissimulation et sans se dépouiller en rien de