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la chaire pontificale pour éviter un schisme, et qu’il ne mourut que longtemps après ; mais ce fait n’est pas constant : il gouverna l’Église romaine pendant près de dix ans, et mourut la troisième année de l’empire de Trajan, c’est-à-dire l’an 100 de Jésus-Christ.

Souffrit-il pour la foi, mourut-il dans les tourments ? c’est ce qu’Eusèbe et saint Jérôme, qui parlent de sa mort, nous laissent ignorer. Cependant Ruffin et le pape Zozime lui donnent le titre de martyr. Il est à remarquer qu’on a souvent donné ce nom à ceux qui avaient souffert pour la foi, bien qu’ils ne fussent pas morts des tourments qu’ils avaient endurés. C’est peut-être pour cette raison qu’on a donné ce titre à saint Clément, qui gouverna l’Église pendant la persécution de Domitien, et qui sans doute ne fut pas épargné.

On ignore où les actes si bien circonstanciés de son exil et de son martyre peuvent avoir été puisés.

La conduite de l’Église de Corinthe recourant à l’Église de Rome, dans la circonstance dont il s’agit, nous prouve que dès le commencement la prééminence de cette dernière Église était très-reconnue.

De son temps, des factions s’étaient élevées dans la florissante Église de Corinthe ; une intrigue avait fait déposer injustement quelques prêtres : ceux-ci eurent recours à l’Église romaine, déjà regardée, ainsi qu’on vient de le voir, comme la mère et la maîtresse de toutes les autres. Mais on ne put alors s’occuper à Rome de cette affaire. La persécution sévissait avec fureur, et les troubles qui suivirent la mort de Néron agitaient tout l’empire. La paix rétablie sous Vespasien, saint Clément, pape alors, au rapport d’Eusèbe, fit réponse à l’Église de Corinthe, au sujet de la division qui durait encore, et lui adressa une épître bien propre à pacifier les esprits, et si digne de vénération, qu’on la lisait publiquement à Corinthe, plus de soixante-dix ans après. C’est cette lettre que nous allons reproduire.

Accueillie avec le plus grand honneur, après celle des apôtres, elle mérite cette distinction et répond parfaitement à la dignité du pontife qui l’adressait. On y sent le contact avec les premiers