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SCENE iv.

BIENFAISANTE, LUMINEUSE.

Bienfaiſante, après un moment de ſilence, pendant lequel elle a conſidéré ſa ſœur, qui rêve profondément.


Eh bien, ma ſœur ?

Lum. Vous liſez dans mon ame ; je n’eſſayerai soit de vous déguiſer l’agitation que j’éprouve, & je vous dirai avec la même ſincérité que je commence à croire qu’en effet vos eſpérances pour Clarinde ne ſont pas ſans fondement. — Elle eſt généralement aimée ; j’en viens de voir des témoignages certains. — Cet amour univerſel peut-être va la couronner. Si cela eſt, je conviendrai que vous aurez choiſi le moyen le plus ſûr pour la placer ſur le trône ; mais aura-t-elle les qualités brillantes, qui ſeules peuvent rendre un regne mémorable & glorieux ?

Bien. Je n’ai deſiré pour Clarinde que le genre de réputation que j’ai jugé le plus ſolide, celui de la bienfaiſance & de la bonté.

Lum. C’en eſt aſſez peut-être pour être élue ; mais non pour régner avec éclat. Clarinde bonne, mais ſimple, ſans expérience, ſans inſtruction, ſans goût pour les arts, ſaura-t-elle diſcerner le mérite, encourage les talents,