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Ros. (à part.) Le moment approche, &, malgré moi, je ſuis troublée.

Zul. C’eſt un bruit, un vacarme dans le jardins, dans les galeries, qui s’accroît à chaque inſtant : tenez, entendez-vous les cris ? Oh, il faut qu’il arrive quelque événement extraordinaire.

Ros. J’entends, je crois, répéter le nom de Clarinde — Voyez ce que c’eſt, Zulmée.

Zul. (va voir & revient.) C’eſt la Princeſſe Clarinde qui traverſe les galeries pour ſe rendre ici.

Ros. Eh pourquoi ces cris qui redoublent ?

Zul. Oh, c’eſt une multitude de pauvres gens qui l’attendoient à ſon paſſage ; elle eſt, dit-on, fort charitable — (on entend crier diſtinctement : Vive la Princeſſe Clarinde, vive notre généreuſe Bienfaitrice ! )

Quel train, juſte Ciel ! — il faut que tous les malheureux ſecourus par Clarinde ſe trouvent-là raſſemblés.

Ros. Ils font des vœux pour elle, ils ont raiſon. Ah, de tels vœux méritent d’être exaucés. — (On crie de plus près & plus fort encore : Vive Clarinde, vive notre chere Bienfaitrice ! ) —

Comment a-t-elle eu le bonheur d’être utile à tant de gens ? Moi je n’ai jamais vu de malheureux dans ce palais !

Zul. Oh, l’on dit qu’elle les alloit chercher.

Ros. Ah, Lumineuſe ! — vous auriez pu me conduire à eux ! — (à part.) Je me ſens