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faire vos deſirs & les miens, & je reviendrai vous joindre. (Elle ſort.)

Ros. (seule.) Je ne ſais ce que j’ai aujourd’hui, j’éprouve une certaine inquiétude vague que je n’ai jamais reſſentie — Depuis que j’ai vu Clarinde, je ſuis encore plus mécontente de moi-même : je me crois cependant ſupérieure à elle. Quand mon eſprit nous compare l’une à l’autre, je le penſe en effet — mais quand je ceſſe de raiſonner, & que je n’écoute que mon cœur, tout le mérite dont je m’enorgueillis ſemble s’évanouir, & je voudrois reſſembler à Clarinde — Elle intéreſſe, elle attire, elle attache, & je ſens que déjà je l’aime véritablement.



SCENE ii.

ZULMÉE, ROSALIDE.

Zul. (accourant.)
Ah, Madame, je viens de voir le ſpectacle le plus noble & le plus impoſant qui ſoit peut-être au monde.

Ros. Quoi donc ?

Zul. C’eſt la ſalle du couronnement. Imaginez-vous des Vieillards, des Princes, des Rois, des Sages, tout cela en foule & réunis — cela ne ſe voit pas communément — auſſi réellement je ſuis ſaiſie d’admiration !