Page:Genlis - Theatre a l usage des jeunes personnes 1 (1781).djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ros. En effet, je me rappelle que pendant leur premier voyage, je les ai très-peu vus ; ils avoient des manieres étrangeres & gauches qui me déplaiſoient ; & j’ai même pris la liberté de m’en moquer aſſez ouvertement.

Lum. Ne cherchons pas d’avantage, voilà le mot de l’énigme, & voilà de quoi rabbattre un peu de la vanité de ma ſôeur, qui triomphe en ſecret, malgré toute ſa modeſtie.

Ros. Elle triomphe ! Elle a donc trouvé cette lettre toute ſimple ?

Lum. Elle n’en a pas éprouvé le moindre étonnement, je vous aſſure.

Ros. Ah, par exemple —

Lum. Enfin, le dénouement approche, nous triompherons à notre tour.

Ros. Les Ambaſſadeurs du Roi Zolphir ſeront préſents à la cérémonie de l’élection.

Lum. Ah, certainement, je leur ai fait dire de s’y trouver.

Ros. Je vous avouerai, Madame, que je voudrois pour toute choſe au monde, que leur Maître y fût lui-même.

Lum. Mais rien ne m’eſt plus facile, & vous me donnez-là une excellente idée. Par le pouvoir de mon art, il m’eſt aiſé.

Ros. Ah, Madame, que vous êtes bonne !

Lum. Non-ſeulement Zolphir y ſera, mais encore tous les Rois & Princes voiſins de cette Iſle ; je veux, ma chere Roſalide, que l’aſſemblée où vous allez paroître & réunir tous les ſuffrages, ſoit la plus auguſte & la plus brillante de l’univers. Reſtez ici ; je vais dans mon cabinet travailler au charme qui doit ſatis-