Page:Genlis - Theatre a l usage des jeunes personnes 1 (1781).djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bien. Il ſuffit, Zulmée. Zulmée ſort. Elle ouvre la lettre, & lit tout bas.)

Lum. Pourquoi, ma ſœur, cette lettre n’eſt-elle que pour vous ? — Au moins peut-on ſavoir ce qu’elle contient ?

Bien. (après avoir lu.) En vérité, rien d’intéreſſant ; permettez-moi de ne vous en point faire part.

Lum. Quoi, vous avez des ſecrets pour moi ?

Bien. Non, ma ſœur ; mais diſpenſez-moi Lum. Cette lettre eſt du Roi Zolphir ?

Bien. Oui.

Lum Eh bien, pourquoi ce myſtere ? il eſt offençant, & je ne conçois pas —

Bien. Puisque vous le voulez, liſez-la, j’y conſens.

(Elle lui donne la lettre.)

Lum. (lit tout haut.) " Je ſais, ſage Fée, que la Reine de l’Iſle heureuſe doit être élue maintenant ; & d’après tout ce que mes Ambaſſadeurs m’ont dit de l’incomparable Clarinde, & tout ce que la renommée publie de ſa bienfaiſance, de ſes rares vertus, & de l’enthouſiaſme de ſa nation pour elle, je ne doute pas qu’elle ne ſoit aujourd’hui placée ſur un trône dont elle eſt ſi digne. Recevez donc, grande Fée, l’aſſurance de la joie ſincere que me cauſe cet événement ; & daignez dire à la nouvelle Reine qu’elle n’aura jamais d’ami & d’allié plus fidele que le Roi Zolphir".

Aſſurément, voilà la plus extraordinaire & la plus impertinente.