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Roſ. Mais elle a dit poſitivement que je l’étois.

Lum. Sans doute, par jalouſie ; c’eſt ainſi qu’elle dépriſe vos talents, vos agréments ; par exemple, ce dernier tableau que vous avez fait, & qui eſt un chef-d’œuvre, non-ſeulement elle l’a regardé ſans enthouſiaſme, mais elle l’a loué avec une nonchalance, une froideur —

Roſ. Je ſuis ſenſible, je l’avoue, à ces marques d’averſion — je ne puis ſupporter l’injuſtice ; elle me révolte — m’afflige, & me met hors de moi.

Lum. Eh, calmez-vous, mon enfant : la pauvre petite ! elle en a les larmes aux yeux : que cela eſt touchant !

Roſ. (avec un ris forcé.) Qui, moi, Madame ? Ah, je vous aſſure que je n’éprouve nul attendriſſement. — Je ſuis fâchée de déplaire à la Fée Bienfaiſante, j’en ai témoigné ma ſurpriſe ; car je n’ai rien fait qui dût m’attirer ce malheur ; mais je vous proteſte que d’ailleurs je n’en reſſens ni dépit, ni colere.

Lum. Ah, j’en ſuis convaincue. — Mais que nous veut Zulmée ?



SCENE iv.

LA FÉE, ROSALIDE, ZULMÉE.

Zul. (à la Fée.)
Madame, les Ambaſſadeurs du Roi Zolphir viennent d’arriver, & demandent audience.