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Ros. Avez-vous vu le dernier tableau que j’ai donné à la Fée ?

Zul. Hélas ! oui, Madame, je l’ai vu, la Fée l’a fait mettre dans la grande galerie ; j’ai paſſé ce matin deux heures à le conſidérer ; & en rentrant dans ma chambre, j’ai jette au feu mes eſquiſſes, mes crayons & mes pinceaux.

Ros. On a fait d’aſſez jolis vers ſur ce tableau, les connoiſſez-vous ?

Zul. Oui, Madame ; mais ils ne me plaiſent pas : il eſt vrai que je ne ſuis jamais contente des éloges qu’on vous donne, je trouve toujours qu’il y manque quelque choſe — Mais les portes s’ouvrent, c’eſt ſans doute la Fée Lumineuſe ; oui, c’eſt elle-même.

Ros. (s’avance vers la Fée.) Zulmée, laiſſez-nous.

Zul. (à part en s’en allant.) Faſſe le Ciel que Roſalide ſoit Reine ! elle aime la flatterie ; j’ai ſaiſi ſon foible, & je ſuis ſûre déſormais de la gouverner à mon gré — (Elle ſort.)



SCENE iii.

LA FÉE LUMINEUSE, ROSALIDE.

Lum.
Quavez vous, ma chere Roſalide, je vous trouve l’air triſte ?

Roſ. Je vous avoue, Madame, que j’ai un peu d’humeur dans ce moment-ci.