Page:Genlis - Theatre a l usage des jeunes personnes 1 (1781).djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cén. D’ailleurs, ſans le ſecours du flacon blanc, ne pouvons-nous pas nous corriger de nos défauts ? Il eſt vrai que cela ne ſera pas ſi prompt.

Iph. Mais nous ne ſommes pas ſi preſſées.

Cén. Sans doute, nous ſommes bien jeunes.

Iph. Allons, allons, ne balançons plus. (Elle prend les flacons couleur de roſe.) Tenez, ma ſœur.

Cén. Donnez.

Iph. (débouche le ſien, & Cénie tombe dans la rêverie.) Cénie, qui vous arrête ?

Cén. Iphiſe !

Iph. Qu’avez vous donc, vous tremblez ?

Cén. Ah, ma ſœur, qu’allons nous faire !

Iph. Vous ne ſavez pas vous décider ; allons, je vais vous donner l’exemple.

Cén. (lui arrachant le flacon.) Non, chere Iphiſe, vous devez le recevoir de moi, je ſuis la plus âgée.

Iph. Et moi la plus raiſonnable.

Cén. Écoutez-moi, de grace. Si nous préférons ce flacon, nous affligerons Maman.

Iph. Ah, ſi je pouvois le penſer, je le caſſerois plutôt.

Cén. Eh bien, ma ſœur, ſoyez-en ſûre ; j’ai vu ſon inquiétude quand elle nous a quittées ; elle trembloit que nous ne fiſſions un choix imprudent.

Iph. En effet, je me rappelle le dernier regard qu’elle a jeté ſur nous en partant, il étoit bien triſte & bien tendre.

Cén. Ce regard nous apprenoit notre devoir, il faut le ſuivre.