raiſon, une ſenſibilité, qui me rendent bien heureuſe.
La Fée. Je ſuis charmée que vous en ſoyez contente.
Mél. Je le ſuis ſur-tout de leurs promeſſes, & de l’eſpoir qu’elles me donnent de ſe corriger de tous leurs défauts.
La Fée. Eh bien, je viens leur en offrir le moyen le plus ſûr & le plus prompt.
Mél. Quel eſt-il ?
Iph. et Cén. Ah, parlez !
La Fée. Ecoutez-moi avec attention. J’ai été obligée, mes enfants, pour vous ôter une ridicule vanité, de vous rendre affreuſes l’une & l’autre. De tous les avantages, le moins précieux eſt celui de la beauté. Mais je conviens qu’il eſt cruel d’avoir une figure révoltante. Cependant, ſi je pouvois vous donner toutes les vertus & toutes les graces de l’eſprit en partage, je crois que vous n’auriez pas fait un mauvais marché. Mais je veux vous traiter ſuivant votre goût, & voici ce que je vous offre. J’ai compoſé pour chacune de vous, deux phioles qui contiennent une eſſence divine, dont l’une vous ôtera votre difformité, & vous rendra telles que vous étiez, ou l’autre vous donnera toutes les qualités du cœur & de l’eeſprit qui vous manquent. Mais il faut choiſir, je ne puis vous accorder ces deux dons réunis, mon pouvoir ne va pas juſques-là.
Iph. C’est bien dommage.
La Fée. Voici les flacons — (Elle tire des flacons d’une boîte.) Celui-ci, qui eſt couleur de roſe, en le buvant fera diſparoître votre lai-