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Mél. Voilà deux étranges figures.

Cén. (à Iphiſe.) Voyez-vous l’effroi que nous lui cauſons ?

Iph. Nous ſommes bien à plaindre.

Cén. Ah ! je n’ai jamais été ſi fachée d’être affreuſe.

Mél. Mais de grace, Meſdemoiſelles, dites-moi à qui vous en avez ?

Iph. et Cén. (ſe jettant à ſes pieds. Ah, Maman !

Mél. Qu’entendres-je ?

Cén. Oui, nous ſommes vos enfants.

Mél. Vous ! grands Dieux !

Iph. Maman, daignez nous reconnoître ; malgré notre affreux changement, nos cœurs ſont toujours les mêmes.

Mél. (les relevant.) Il ſuffit : je vous plains d’un malheur qui cependant eſt fort ſupportable, & croyez que je ne vous en aimerai pas moins.

Iph. Quelle bonté charmante !

Cén. Eh bien ! me voilà conſolée.

Mél. Embraſſez-moi, mes chers enfants ; ſoyez aimables, douces, honnêtes, & vous n’aurez pas beſoin des charmes frivoles qui vous manquent.

Cén. Maman, je ſuis Cénie.

Iph. (en ſoupirant.) Et moi, Iphiſe.

Mél. Je vous avais diſtinguées l’une & l’autre par le ſon de voix.

Cén. La Fée ne vous avait donc rien dit ?

Mél. Elle m’avoit caché votre laideur ; elle m’avoit ſeulement appris que vous lui aviez