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grands défauts, & elles ne doivent qu’à vous ſeule ce qu’elles ont de bien.

La Fée. Cependant j’en ſuis parfaitement contente depuis deux mois ; j’ai trouvé le moyen de les réduire & de les punir.

Mél. Comment ?

La Fée. Je leur ai fait croire que je les avois rendues hideuſes, & par mon art je leur ai faſciné les yeux de manière qu’en ſe regardant dans un miroir, & en ſe voyant l’une & l’autre, elles ſe trouvent affreuſes : on leur a répété à chaque inſtant les premiers jours qu’elles étoient laides à faire peur : d’abord elles ont beaucoup pleuré ; la cadette, ſur-tout, Iphiſe, paroiſſoit inconſolable. Je les ai conſolées, je leur ai dit que le ſeul parti qu’elles euſſent à prendre étoit de faire oublier leur difformité par leurs bonnes qualités, leurs vertus & leurs talents ; elles m’ont cru, & — Mais paix, j’entends du bruit, ce ſont elles sûrement qui vous cherchent ; je vous laiſſe enſemble : adieu, n’oubliez pas de les bien confirmer dans leur erreur. (Elle ſort.)