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Phé. Je le quitte à l’inſtant.

Zir. Eh bien ?

Phé. Je ſavois le don qu’il devoit vous faire ; je venois vous demander à quel uſage vous le deſtiniez ; je rencontre Phanor éperdu, hors de lui. Sa démarche égarée m’effraye ; je veux lui parler, il m’évite, me fuit, & ſort de ce palais en me diſant un douloureux adieu.

Zir. Qu’entends-je, juſte Ciel ! — il a quitté ce palais ? — où eſt-il ?

Phé. Eh ! comment le ſavoir ?

Zir. Mais il me vient une idée. Avec l’anneau qu’il m’a laiſſé, je puis me tranſporter aux lieux qu’il habite. C’eſt-là que je veux-être. (Elle prend la boîte, elle l’ouvre.) Voilà l’anneau. — Mais que vois-je ? un billet.

Phé. Ce billet nous inſtruira de ſa deſtinée.

Zir. Ah ! Phédime, je tremble.

Phé. Allons, liſez.

Zir. Hélas ! que vais-je apprendre ? (Elle lit tout haut.) "Je veux vous affranchir d’un objet odieux ; je ſais que ma préſence ne peut vous être qu’importune, & je ne puis ſupporter la vie loin de vous. J’y renonce ſans peine. Adieu, Zirphée, recevez l’éternel adieu du fidèle & tendre Phanor." (Zirphée, après avoir lu : ) Je me meurs. (Elle tombe évanouie dans les bras de Phédime.)

Phé. Que vois-je, ô Ciel ! Zirphée, Zirphée !

Zir. Il n’eſt plus — laiſſez-moi, Phédime, vos ſoins ſont ſuperflus. La vie m’eſt odieuſe. — Enfin trois tard je lis dans mon cœur. — Ô