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rien qu’un infortuné ſoumis à vos loix, & prêt à m’en exiler pour vous plaire ; rendez donc juſtice à mes ſentiments, & du moins ne me regardez ni comme un tyran, ni comme un raviſſeur.

Zir. Vous, un tyran, vous Phanor, ô Ciel ! me croiriez-vous capable d’avoir pu douter un moment de votre généroſité ? Ah ! je puis n’être pas d’accord avec moi-même, je puis être inconſéquente & bizarre ; mais injuſte pour vous, non Phanor, non je ne le ſuis point.

Pha. Connoiſſez donc mon ame toute entiere ; je ſens trop l’effet que doit produire ma préſence ; je fais l’obſtacle invincible qu’une affreuſe difformité oppoſe au bonheur de ma vie. Je n’ai jamais eu l’eſpoir inſenſé de vous plaire, & de vous engager à unir votre fort au mien ; j’ai mérité votre eſtime, c’en eſt aſſez ; après avoir obtenu le ſeul bien auquel il me fut permis de pretendre, je dois m’oublier, & ne plus m’occuper que de vous.

Zir. Vous m’effrayez ; où tends ce diſcours ? — Phanor, quel eſt votre deſſein ?

Pha. De vous rendre maîtreſſe abſolue de votre deſtinée, & de vous affranchir pour jamais de tout ce qui peut vous contraindre ou vous déplaire. Recevez cette boite, elle renferme un anneau précieux ; en le portant vous vous trouverez tranſportée dans le lieu où vous deſirerez être ! & là, par le pouvoir de ce même anneau, tout ce que vous pourrez ſouhaiter ſe réaliſera, des palais, des jardins qui