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je m’afflige en penſant que l’aſpect d’un objet ſi vertueux, ſi bienfaiſant, inſpirera plus d’horreur & d’effroi, que la vue d’un de ces animaux féroces qui n’ont pour tout inſtinct qu’une aveugle fureur. — Ah ! cette idée eſt affreuſe, & je ne puis m’y arrêter ſans frémir.

Phé. Mais ſi vous vous fixez dans ce palais, Phanor ne le quittera plus ; il ne verra que vous, & renoncera pour vous au reſte de l’univers.

Zir. Je ne ſais point encore quelle ſera ma deſtinée ; je ne ſais point, Phédime, ſi je dois accepter pour toujours l’aſyle qu’on nous accorde ici.

Phé. Et ſi vous le quittiez, que deviendriez-vous ?

Zir. Je l’ignore. Mais l’amitié, & non la néceſſité, pourroit ſeule me faire prendre la réſolution de m’y fixer.

Phé. Mais Phanor conſentiroit-il à ſe ſéparer de vous ?

Zir. Phanor eſt trop généreux pour attenter à notre liberté.

Phé. Pour moi, je me trouve bien ici, & je ſuis fort tentée d’y reſter.

Zir. Quoi ! Phédime, ſans moi ?

Phé. Je reſterois pour conſoler Phanor.

Zir. Le conſoler ?

Phé. Je ſuis ſenſible, il eſt reconnoiſſant, mon amitié le dédommageroit de votre ingratitude ; & de cette mani ! re, ma chère Zirphée, je réparerois vos torts : ainſi ne vous contraignez point avec lui.