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— (bas à Zirphée.) Parlez-lui donc. Allons, faites-vous un effort. Regardez-le du moins.

Pha. Ô Ciel ! que dites vous, Phédime ! Non, Zirphée, ne me regardez point ; je perdrois tout mon bonheur.

Zir. (le regarde avec timidité, & enſuite elle baiſſe les yeux.) Vous voyez, Phanor, que vous êtes injuſte.

Pha. Ah ! puiſſiez vous me le prouver encore ! (Il fait un mouvement pour s’approcher de Zirphée ; elle treſſaille, & fait quelques pas pour le fuir. Il recule, Zirphée reſte immobile.

Phé. (après un moment de ſilence.) Les voilà tous deux conſternés. Ah ça, Phanor, moi qui n’ai nul peur de vous, je vous prie de me donner le bras, & de me conduire à la comédie. Vous m’aviez promis une fête, & décidément il m’en faut une : allons, venez.

Pha. Zirphée ! vous pouvez ſans crainte ſuivre votre amie, je vais reſter ici.

Phé. Point du tout ; il faut que vous nous faſſiez les honneurs de la fête ; moi du moins je l’exige. Vous m’avez enlevée tout comme Zirphée, j’étais auſſi malheureuſe qu’elle, ainſi j’ai les mêmes droits à votre complaiſance. — D’ailleurs, je mériterois bien quelque petite préférence. Vous ne me paroiſſez pas beau, mais je vous trouve fort aimable. (Elle le prend ſous le bras.) Zirphée, venez-vous avec nous ? Vous ne répondez pas ? — Mais vous boudez, je crois.

Zir. (à part.) Qu’elle m’impatiente !

Phé. Adieu, Zirphée.