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Phé. (conſidère Zirphée & Phanor.) Ce début promet beaucoup ; l’entretien ſera vif. — (à Zirphée.) Ah ça, ſi je vous gêne, je m’en vais.

Zir. (la retenant.) Ah, Phédime !

Pha. Zirphée ! parlez ; voulez-vous que je m’éloigne ?

Zir. Non, reſtez.

Phé. Aurons-nous quelque fête aujourd’hui ?

Pha. J’attends les ordres de Zirphée.

Zir. Je viens de jouir tout-à-l’heure du plus grand plaiſir que j’aye encore goûté dans ce palais ; vous m’en aviez privée, Phanor, je dois m’en plaindre.

Pha. Comment ?

Zir. Eſt-il un ſpectacle plus doux que celui de voir la bienfaiſance ſecourir les infortunés, & d’entendre la reconnoiſſance applaudir aux vertus ?

Pha. Eſt-il un bonheur comparable à celui de s’entendre approuver par — Zirphée !

Phé. Par ce qu’on aime.

Pha. Phédime explique ce que je n’oſe dire.

Zir. Phanor ! — Vous êtes trop timide.

Pha. Ah, Zirphée !

Phé. Eh bien ! — Vous vous taiſez, Phanor.

Pha. Quoi, Zirphée ! l’ai-je bien entendu ? — mes ſentiments ne vous ſont point odieux ! Quoi, vous me permettriez d’oſer vous en entretenir ?

Zir. Ne m’accuſez jamais d’ingratitude.

Pha. Ah ! je n’accuſe que mon ſort.

Phé. Nous voilà retombés dans la triſteſſe.