ſauvage dont nous pourrions nous nourrir ; mais ſous un ſol ſi brûlant, la ſoif dévore, & l’on n’y trouve ni fontaines, ni ruiſſeaux.
Agar. Nous en découvrirons peut-être D’ailleurs, ce vaſe, ce ſeul bien qui nous reſte, contient encore de l’eau, elle eſt pour toi, c’eſt une dernière reſſource que ma tendreſſe te réſerve.
Iſm. Je veux la partager avec vous.
Agar. Ce n’eſt qu’en conſervant ta vie, que je puis prolonger la mienne.
Iſm. Maman ?
Agar. Quoi, mon enfant ?
Iſm. Depuis deux jours, je n’ai pas dormi ; je me ſens accablé : aſſeyons-nous.
Agar. Viens prendre du repos, il te rendra des forces ; viens te coucher à l’ombre de ce buiſſon.
Iſm. Maman, eſſayez de dormir auſſi.
Agar. Non, je te veillerai.
Iſm. Vous ne vous éloignerez pas de moi pendant mon ſommeil ?
Agar. Eh ! pourrois-je te quitter un inſtant ! Ses yeux ferment — heureux âge !
Dors, dors, tu ne ſentiras plus tes maux, & les miens ſeront adoucis — (Elle le conſidère.) Hélas ! comme ſes traits ſont changés ! Ils portent l’empreinte de la ſouffrance. — O mon Fils ! ſans toi, ſans tes plaintes qui me déchirent le cœur, avec quel courage je ſupporterois ma deſtinée ! — Mais l’entendre gémir — voir