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Luc. (riant.) Réellement Toinette eſt piquée — Ah ça, Toinette, puiſque vous aimez tant Mademoiſelle de Surville, je vous promets que je ne me moquerai plus d’elle ; cela me coûtera, mais je m’y engage — Allons, ne boudez plus.

Toin. Mais dites-moi, Mademoiſelle, que vous a-t-elle fait pour la haïr ?

Luc. Mais je ne la hais point.

Toin. Cependant vous en dites tout le mal que vous en ſavez ; & même, ſi vous voulez être vraie, vous conviendrez que vous exagérez les ridicules que vous lui trouvez ; que feroit de plus la haine ?

Luc. Mais — le croyez-vous, Toinette ? Ce que vous me dites-là, me fait de la peine — Cependant je n’attaque poins ſa réputation.

Toin. Quand vous ſeriez capable de cette noirceur, le pourriez-vous ? Mademoiſelle de Surville n’eſt-elle pas un modele de douceur, de modeſtie, de bonté ? Seroit-on écouté, ſi on diſoit le contraire ?

Luc. (à Dorine.) Mais, ma chere amie, elle m’effraye — Mon Dieu ! ce que j’ai fait, eſt-il ſi criminel ?

Dor. Mais, quelle enfance, de vous reprocher un badinage innocent, qui ne peut paroître dangereux qu’aux yeux de Mademoiſelle Toinette ! Eh bien, vous vous moquez de Mademoiſelle Flore ; le grand mal ! elle n’a qu’à vous le rendre, vous ne vous en formaliſerez pas.

Luc. Oh pour cela non, au contraire, j’en ſerois charmée. Oui, je voudrois qu’elle me