Toin. (à Lucie.) Mais, Mademoiſelle, oſerois-je vous demander en quoi elle eſt pédante ?
Luc. En quoi ? — Mais en tout.
Toin. Mais encore, ayez la bonté de m’en citer quelques traits.
Luc. Oh ! je vous en citerai mille.
Toin. Eh, bien, un ſeulement.
Luc. Mais elle a un maintien pédant, une certaine maniere de pincer la bouche, & d’entrer dans une chambre — Tenez, voulez-vous la voir ? — la voilà.
Dor. (riant.) Ah ! parfait, parfait, c’eſt elle-même — Encore je vous prie — Ah ! cela eſt charmant.
Luc. Et puis quand elle eſt aſſiſe, voilà comment elle eſt — ſur le bord de ſa chaiſe — ſérieuſe — ſe retournant tout d’une piece — & de temps en temps une petite toux.
Dor. Oh, la petite toux eſt charmante ! — C’eſt cela même — Mon Dieu, je crois la voir — excepté qu’elle n’a ni cette taille, ni ce viſage-là.
Luc. (en riant.) Toinette eſt fâchée, elle ne rit pas.
Toin. J’écoute, je regarde, & je m’inſtruis. Je me faiſois une toute autre idée de la pédanterie. Je croyois qu’elle conſiſtoit ſur-tout à chercher les occaſions de briller, de faire des citations, & de décider hardiment. Mais votre définition eſt beaucoup plus ſimple. — Avoir la poitrine, délicate, & s’aſſeoir ſur le bord de ſa chaiſe, voilà ce qui fait une pédante : je m’en souviendrai.