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Dor. Madame de Surville eſt-elle là-dedans ?

Luc. Oui, avec ſa fille, qui eſt plus droite & plus apprêtée que jamais.

Dor. Mademoiſelle Flore ; oh, je crois qu’elle eſt bien fiere d’aſſister à une lecture ?

Luc. Ah ! je vous en réponds ; elle n’a cependant que deux ans de plus que moi, & elle eſt d’une pédanterie —

Toin. On dit qu’elle eſt un prodige d’inſtruction.

Dor. (ironiquement) Un prodige ! — Et qui eſt-ce qui lui dit cela ?

Toin. Ce n’eſt pas elle qui l’éleve, mais c’eſt tout ce qui la connoît. Pour moi, je puis aſſurer qu’elle a bien de la modeſtie, car elle ne parle jamais d’elle, & cherche toujours à faire valoir les autres.

Dor. Il eſt vrai qu’elle diſtingue Mademoiſelle Toinette, & que toutes les fois qu’elle vient ici, elle la loue ſur ſes grands talents.

Toin. Non, Mademoiſelle, elle ne me donne point de louanges exagérée & ridicules, elle a un trop bon eſprit our être obligeante aux dépens de la vérité ; mais elle me fait ſans ceſſe admirer ſon indulgence.

Luc. Ma chere Tonette, je crois Mademoiſelle Flore une perſonne remplie de mérite, mais elle a le malheur d’être pédante ; je ne puis vous le diſſimuler.

Dor. (riant.) Oh oui, pédante eſt le mot ; cela eſt trouvé à merveille. et pédante à ſeize ans ! — Tout ce que cela promet de charmes pour l’avenir !