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Luc. J’aurois le temps de me r’habiller avant le dîner ?

Dor. Et nos leçons ?

Luc. Cela eſt vrai. — Allons, allons, je reſterai comme cela : auſſi-bien c’eſt autant de peine épargnée ; & je hais la toilette à la mort. Eh bien, que ferons-nous ?

Dor. Mais votre maître de danſe va venir ; & quand vous aurez danſé, nous deſſinerons, & nous jouerons du clavecin.

Luc. Oh, pour danſer aujourd’hui, cela m’eſt impoſſible ; j’ai mal dormi, je ſuis d’une laſſitude à ne pouvoir me ſoutenir ſur mes jambes.

Dor. Mais aſſeyez-vous. (Elle lui approche un fauteuil, Lucie s’aſſied & s’étend nonchalamment.)

Luc. J’ai réellement une courbature affreuſe.

Dor. En effet, vous avez l’air abattu.

Luc. Tout de bon, vous me trouvez changée ?

Dor. Extrêmement.

Luc. Cela tient peut-être auſſi à la maniere dont je ſuis fagottée. — Oh ! voilà qui eſt décidé, je me ferai ſûrement recoëffer pour l’Opera. — Ma tante ne donne-t-elle pas à déjeûner ce matin ?

Dor. Oui. Il y a une lecture.

Luc. Oh ! quand je ſerai mariée, j’aurai des lectures auſſi, & des déjeûners. — Cela eſt charmant, un déjeûner !

Dor. Oui, cela occupe depuis midi juſqu’à quatre heures.