Page:Genlis - Theatre a l usage des jeunes personnes 1 (1781).djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais je voudrois qu’elle joignît à tous ſes agréments naturels, de grands talents & un bon cœur. Sans talents on s’ennuye ; moi, je l’éprouve. Recevoir & faire des viſites, eſt un plaiſir dont on ſe laſſe ſi promptement ! — Et voilà cependant la plus grande reſſource des perſonnes déſœuvrées. Enfin, je lui deſire une ame ſenſible, parce que ſans elle on ne jouit de rien, & que c’eſt toujours une excellence choſe à retrouver quand on n’eſt plus jolie. On penſe alors avec tant de plaiſir que des amis valent mieux que des admirateurs !

Dor. Madame a un fond de morale qui me charme toujours.

Mél. J’eſpere que Lucie, inſtruite, élevée par vous, en aura davantage encore. L’étude & la lecture donneront à ſon eſprit ce qui manque au mien.

Dor. D’autant mieux qu’elle a une application, une mémoire — & un goût naturel —

Mél. Oui, elle a beaucoup de goût, cela ſe voit dans les plus petites choſes. — Je crois qu’elle ſe mettra fort bien. — Elle ſe coëffe déja avec grace — mais je ne croyois pas qu’elle fût très appliquée.

Dor. Ah ! trop peut-être pour ſa ſanté, car elle a des nerfs d’une délicateſſe —

Mél. Elle tient cela de moi — mais vous m’aſſurez toujours que vous êtes enchantée d’elle, qu’elle apprend à merveille ; & cependant, que ſait-elle ?

Dor. Elle eſt ſi jeune —

Mél. Quand j’aſſiſte à vos leçons, je vous