il ne vous manquoit, à mes yeux, que cette ame sensible que vous me cachiez. J’ai pu la méconnoître, la taxer de dureté, d’indifférence, la déchirer tant de fois !
Eh ! pouvois-je trop acheter ce comble de bonheur ? vous m’aimez !
Je vous aime, comme je n’ai jamais aimé, c’est tout vous dire ; vous le savez, hélas ! Ah ! puis-je me rappeler sans frémir ce temps affreux, où victime d’une passion insensée, chaque jour, par une cruelle confiance, j’enfonçois le poignard au fond de votre cœur. Vous m’écoutiez, & je vous désespérois. Eh bien, retracez-vous ces sentimens si tendres, si violens, que je vous dépeignois alors, & croyez que ceux que vous m’inspirez sont mille fois plus vifs encore, & plus passionnés.
Ainsi donc ce qui fit mon plus grand tourment, va servir désormais à ma félicité. Si ce