fut peut-être jamais ! Votre esprit, votre sensibilité n’auront servi qu’à votre malheur. Quel usage vous faites des dons les plus précieux !
Mon seul avantage réel fut un cœur tendre… Hélas ! il versa sur ma vie des peines dont le souvenir me fait frémir encore. Eh bien ! s’il me falloit recommencer une nouvelle carrière, si l’on m’offroit tous les biens du monde, à condition de n’éprouver jamais les sentimens qui m’ont si cruellement agitée…
Vous ne l’accepteriez pas.
Non certainement. Je gémis de tout ce que j’ai souffert ; mais par une bizarrerie inconcevable, ce souvenir a des charmes pour moi. Je me retrace des moments délicieux que j’ai su goûter au milieu de mes plus vives peines, & ces lueurs de félicité sont mille fois préférables au cours monotone d’une vie constam-